DU NOM DES RUES EN SERBIE


Les autorités municipales persistent à conserver le nom d’un communiste tristement célèbre pour la rue principale de la ville de naissance du général Draja Mihaïlovic.


Par Mladomir M. CURTCHIC


Traduction du serbe et adaptation de l’article publié dans la revue «Serbian newspaper» de la «Organisation of the Serbian Chetniks of Ravna Gora» de Chicago (USA) numéro de juin 2020.


Statue du général Draja Mihaïlovic à Ivagnitsa, Serbie

La Serbie est, depuis longtemps, le pays des tabous et des monopoles. Ce sont deux caractéristiques importantes qui marquent trop de pratiques et d’évènements qui surviennent en Serbie, que ce soit sur pression de l’appareil d’État, ou dans les relations sociales banales. Quand la Serbie était officiellement un système communautaire socialiste, les tabous et monopoles étaient légalement normés et officialisés. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, mais ces restrictions, qui nous sont restés comme le plus grand héritage de l’époque de Tito, elles sont bien vivantes tout autour de nous.

J’avais écrit mon livre «Les âmes de nos chemins», un essai publié en juillet 2014, pour montrer combien est puissant l’étau communiste à Ivagnitsa, la ville où Draja Mihaïlovic a vu le jour. J’y ai indiqué le nombre précis de rues, le nom de chacune aujourd’hui et jadis avant le communisme, et montré l’impuissance de l’élite municipale de l’époque à changer la situation. Rien n’a changé à ce jour.

On peut légitimement se demander en quoi consiste le principal problème au sujet du baptême des noms de rues à Ivagnitsa. Comme toujours dans des situations similaires, le cœur du conflit se concentre sur la Rue principale. Elle porte aujourd’hui le nom de Milinko Kusic, un communiste et ‘’héros du peuple’’ de la Yougoslavie de Broz.


Qui est l’obscur Milinko Kusic?


Né en 1912 au village de Svestica en périphérie d’Ivagnitsa, Milinko Kusic, après une scolarité à Ivagnitsa part faire des études à la Faculté de Philosophie et de Droit à Belgrade, ce qu’il abandonnera très vite dès qu’il adhérera au PCY illégal (depuis 1921 – NdT). Arrêté en raison d’atteinte à la loi sur la Sécurité de l’État en 1938, il est condamné à 18 mois de prison, effectués à la prison de Maribor. Sa liberté rendue, il a poursuivi son engagement communiste puis il est de nouveau arrêté et condamné à la prison fin 1940, cette fois effectuée à la prison de Sremska Mitrovitsa où il restera jusqu’au mois de mai 1941 quand il est libéré par l’Occupant allemand et les nouvelles autorités Oustachies (Sremska Mitrovica, ville en Serbie, est à ce moment intégrée à ‘’l’État Indépendant de Croatie’’ – NdT), conformément au Pacte signé en 1939 entre les ministres des Affaires Étrangères de l’Allemagne nazie et de l’Union Soviétique Joachim von Ribbentrop et Viatcheslav Molotov. Dès sa sortie de prison, Kusic se rend en Serbie occupée, et séjourne à Oujitsé et Ivagnitsa. À Ivagnitsa il collabore avec la Feldkommandantur qui y a été établie par l’Occupant allemand. À une occasion, les communistes locaux, dirigés par Milinko Kusic, ont été sollicités pour le maintien de l’ordre et de la discipline dans la ville. Et ainsi ils ont pu mettre la main sur leurs premières armes.


Le changement survient le 22 juin 1941, quand l’Allemagne déclenche l’attaque contre l’Union Soviétique. À partir de ce moment, en Serbie aussi les Allemands commencent à arrêter des communistes serbes. Dans les petites localités de province, le procédé ne se déroulait pas aussi aisément qu’à Belgrade, Nis ou Kragouillévatz, et Kusic se promenait toujours librement dans Ivagnitsa. Il ne s’est mis à l’abri dans son village de Svestica que début août, quand il reçoit pour mission de former le peloton de Partisans de la Moravica, ce qu’il fait le 5 août 1941. À cette occasion, il a réuni en un même lieu une flopée de gens pas recommandables de cette région de Moravica du centre-ouest de la Serbie, ainsi qu’un grand nombre de jeunes mineurs, et même des filles. Il est ensuite parti pour Oujitsé, où il est bientôt nommé commissaire politique du détachement des Partisans d’Oujitsé. Il est retourné plusieurs fois pendant le soulèvement de 1941 à Ivagnitsa, afin de contribuer à la formation d’une nouvelle administration communiste de la localité. Il avait alors pour habitude de rabâcher son slogan favori qu’il y entonnait déjà avant la guerre quand il revenait de Belgrade pour les vacances: «Je préfère un noir qui soit communiste à cent Serbes qui ne le sont pas.» Et il ponctuait les discours qu’il y tenait à ces occasions devant un maigre public de sympathisants par «Mort à l’hégémonie grand-serbe».


En tant que commissaire politique du détachement des Partisans d’Oujitsé, il avait ordonné des attaques armées contre les postes de Gendarmerie et la destruction des archives municipales dans la région de Moravica, ce que les communistes ont fait dans plusieurs villes, là où les Tchetniks de Draja Mihaïlovic n’avaient pas réussi à les empêcher. Dans la ville d’Ivagnitsa, ils avaient sortis toutes les archives de l’immeuble de la Mairie ainsi que les livres d’église et les ont jetés du haut du vieux pont dans la rivière Moravica.


À cette occasion, le document de l’assemblée constitutive en 1912 du club de football de Yavor a été perdu à jamais, et ainsi, en 2012, lors du centenaire de l’existence du club, le FC Yavor ne pouvait produire de document pour postuler auprès de l’UEFA qui octroyait trois millions d’Euros aux clubs de football existant depuis un siècle.


Après l’effondrement de la ‘’République soviétique d’Oujjitsé’’, dans la débâcle des communistes vers la zone d’occupation italienne, leur ‘’commandant suprême’’ (Tito – NdT) avait disparu. Pendant ces quelques jours, ne sachant quoi faire sans leur chef, un certain nombre de communistes menés par Milinko Kusic, prennent l’initiative de rassembler les groupes de Partisans en déroute. Kusic était même allé jusqu’à signé un pacte de ‘’non-agression’’ avec le commandant italien d’occupation de Nova Varos, l’officier fasciste Nenni. Kusic n’avait pas oublié de mener le combat révolutionnaire même dans ces circonstances. Les pelotons sous son commandement ont fait irruption au monastère de Klisura de l’Église Orthodoxe serbe, qu’ils ont pillé et dévasté, certains d’eux ayant même violé puis égorgé la moniale-novice Guénadia Djordjevic, et dans le voisinage ils incendient la maison de Vojislav Radosavliévic dans laquelle 10 personnes ont été tuées en périssant brûlées vives. Dès le retour des dignitaires du PCY dans ce secteur, une enquête est ouverte sur Kusic, afin de voir si ce dernier avait eu… l’ambition ou la volonté d’éliminer le ‘’commandant suprême’’ de la tête du PCY et du mouvement des Partisans. Kusic avait durant des jours présenté ses excuses et suppliait qu’on ne l’exclue pas du Parti, ce qui finalement lui sera accordé et il restera l’un des plus proches collaborateurs du ‘’commandant suprême’’.

Ce groupe très nombreux de Partisans est parti de Serbie pour la Bosnie en février 1942, et en mars ils forment la Deuxième brigade prolétarienne, dont Milinko Kusic est nommé commissaire politique. Il y a de forts faisceaux de présomption qu’ils ont reçu à ce moment des armes de Jura Francetic - le commandant de la Légion Noire oustachie – lequel, à cette époque, avait entrepris une vaste offensive pour ‘’nettoyer’’ l’est de la Bosnie de la présence des Tchetniks du major Dangic. Les Tchetniks ont réussi à se maintenir et à protéger les civils serbes dans cette vingtaine de districts qui composent la région, jusqu’au moment où les communistes de la Première et de la Deuxième brigade prolétarienne les ont attaqué dans le dos, ce qui a permis à la Légion Noire oustachie de parvenir à la rive gauche de la Drina. Concernant les massacres de la population serbe à cette occasion, ce n’est que tout récemment qu’on a commencé officiellement à les évoquer.


En juin 1942, les communistes sont contraints de se replier dans l’ouest de la Bosnie. Le ‘’commandant suprême’’ décide alors de remplacer ses commissaires politiques dans ces unités principales, afin que ceux-ci ne prennent pas un pouvoir trop important dans les unités d’élite qui servaient à sa protection personnelle.


C’est pourquoi, Kusic est muté commissaire politique de la brigade de Krajina. Cette décision a, visiblement, eu un impact négatif sur lui, puisqu’il s’estimait écarté des principaux chemins de la révolution. À ce moment, les communistes procédaient à des attaques simulées sur les camps de base des Oustachis, en accord préalable avec eux ou sans. À ces occasions, il arrivait que quelques Partisans de Serbie soient tués, et les Oustachis se retiraient, laissant aux communistes armes et munitions à volonté. Dans ce type de déplacements, par nature à l’hygiène négligée, et toujours pas formés comme un mouvement militaire classique, les communistes étaient une proie facile pour le typhus. Déçu d’avoir été rejeté, et par sa propre nature négligé sur le plan de la discipline dans l’hygiène et l’alimentation, Kusic attrape le typhus, et, gravement malade, il se suicide le 1er mai 1943 près de Sanski Most en Bosnie, dans un hôpital de campagne des Partisans.


Dès la fin de la guerre, exactement le jour de la Victoire, le 9 mai 1945, il a été l’un des premiers parmi les Partisans à avoir été élevé au rang de ‘’héros populaire de la Yougoslavie’’.



Et le général Draja Mihaïlovic?


A contrario, depuis longtemps on raconte à Ivagnitsa que la rue principale doit porter le nom du général Dragolioube Draja Mihaïlovic, né à Ivagnitsa dans cette même rue principale en 1893.


Draja Mihaïlovic est diplômé de l’Académie militaire de Belgrade. Il a participé à cinq guerres entre 1912 et 1920. Il a reçu 19 décorations dont trois étrangères (la ‘Croix de Guerre avec palmes’ du général De Gaulle, la ‘Legion of Merit’ du Président américain Truman et la ‘Virtuti militari’ polonaise - NdT). Il n’appartenait à aucun parti politique. Il a été attaché militaire du Royaume de Yougoslavie en Bulgarie et en Tchécoslovaquie.
Au moment de l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, l’unique raison pour laquelle il n’avait pas le grade de général est qu’il s’opposait à la conception du système de défense du pays contre une invasion allemande, ce qui lui valait des ‘remontrances’ du ministre de la guerre, et le temps a montré à quel point il avait raison. Dans la Guerre d’avril, il a fait montre de grandes compétences militaires et d’un courage exceptionnel et a combattu en continu. Il ne s’est pas rendu, au contraire d’un grand nombre de membres de l’Armée du Royaume de Yougoslavie, mais avec un groupe d’officiers, de gendarmes et de soldats loyaux, en combattant, il s’est retiré depuis Doboï en Bosnie jusqu’à la rive droite de la Drina. En tant qu’officier d’élite de l’état-major et du renseignement, professeur de Stratégie à l’Académie militaire à Belgrade, il est désigné par le Commandement suprême de l’Armée du Royaume de Yougoslavie comme meneur de guérilla de résistance à l’intérieur de la Yougoslavie en cas d’occupation. Il établit son camp de base sur la Ravna Gora en mai 1941, puis constitue une série d’unités tchetniks qui, très vite, sont lancées dans la libération du pays, les premières en Europe. Son détachement des Tchetniks du Yadar, du lieutenant-colonel Vesseline Missita, a libéré la ville de Loznitsa le 31 août 1941 et c’était la première ville libérée d’une occupation allemande dans la Seconde Guerre mondiale. Dès le lendemain, 1er septembre 1941, le Tchetniks ont aussi libéré Ivagnitsa.


Encerclé par trop d’ennemis, Draja Mihaïlovic a réussi à créer une organisation militaire puissante qui comptait 80 corps d’armée dans la deuxième partie de la Seconde Guerre mondiale. Malgré des circonstances particulièrement difficiles, chaque année pendant le conflit il avait réussit à mettre en œuvre une opération militaire de grande envergure contre les forces de l’Axe, par lesquelles il a contribué à la victoire finale des Alliés. Par le jeu des circonstances historiques, abandonné par les Alliés après l’entrée de l’Armée rouge et l’installation le mouvement des Partisans au pouvoir en Yougoslavie, Draja Mihaïlovic a été la victime de la révolution communiste, qui ne l’a pas seulement emporté lui et son armée de la scène historique, mais des générations entières de la quintessence de l’élite du peuple serbe. Draja Mihaïlovic se revendiquait sur tous les documents comme étant Serbe. Pendant la Seconde Guerre mondiale il défendait le peuple serbe dans son ensemble, de même que tous les autres peuples quand il le pouvait. Il n’a jamais donné d’ordre, ni exécuté, la moindre attaque – et encore moins la dévastation – d’un quelconque monastère de l’église Orthodoxe serbe. Il n’a jamais donné d’ordre – et encore moins exécuté – de crime de guerre d’aucune sorte.


Le général Draja Mihaïlovic est incontestablement le plus célèbre des natifs d’Ivagnitsa dans toute l’Histoire de cette petite bourgade. Un grand nombre de monuments à son effigie et à son nom ont été érigés à travers le Monde. Sa place dans l’Histoire est indiscutablement positive non seulement pour les Serbes mais aussi pour les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale.


Les communistes sont définitivement entrés dans Ivagnitsa en novembre 1944. Immédiatement, ils se sont mis à établir leurs organes de pouvoir, et, en parallèle, ils entreprennent des arrestations massives d’un grand nombre d’habitants de la région de Moravica. À plusieurs occasions, ils ont commis des exécutions de masse à Ivagnitsa, et le nombre des liquidations individuelles commises par les communistes se comptent en centaines. Un grand nombre de personne était jeté dans des prisons improvisées qui poussaient comme des champignons de tous les côtés. Un nombre colossal de personne était envoyé à travers tout le pays à des travaux forcés dans des conditions particulièrement difficiles.


Après tout cela, ils ont eu l’idée de changer l’identité du peuple serbe. L’un des éléments par lequel se construisent le sentiment national et l’héritage identitaire est le nom des rues. Nous rappellerons seulement ici que la Rue principale d’Ivagnitsa a été baptisée du nom de Milinko Kusic. Cependant, ce n’était pas le seul endroit à avoir été baptisé ainsi. La mine d’antimoine à Lisa, en banlieue, porte son nom, deux bustes à son effigie ont été érigés à Ivagnitsa, et comble de l’ironie l’école primaire d’Ivagnitsa porte aujourd’hui encore le nom de Milinko Kusic. Ainsi, en d’autres circonstances cela prêterait à sourire qu’une école qui célèbre Saint Sava de l’Église Orthodoxe serbe (Saint Sava est le saint patron des écoliers – NdT), alors qu’elle était interdite en Serbie pendant un demi-siècle de communisme, et qu’elle porte le nom d’un ‘’héros populaire’’ du Parti communiste, qui avait personnellement œuvré contre tout ce pour quoi Saint Sava s’était investi.


Mais ce n’est pas que la Rue principale qui avait changé de nom. Il s’agit d’un grand nombre d’autres. Un scandale particulier avait été le changement de dénomination d’une rue du nom de Douchane Puric, commandant le 4ème régiment ‘’Stéfane Nemanja’’ qui avait péri lors de la bataille sanglante sur le mont Matchkov kamen en septembre 1914. Cette rue avait été baptisée en l’honneur de ce colonel de l’Armée serbe, le 16 juillet 1932, sur décision de la municipalité «en signe de gratitude envers les exploits héroïques de son illustre fils, le commandant du courageux IVème régiment, qui, avec son commandant, a été découpé sur le mont Matchkov kamen. Les citoyens reconnaissants d’Ivagnitsa se souviennent des grands sacrifices» - comme l’avait à l’époque rapporté le journal régional ‘’La voix de Tchatchak’’. Dans cette même rue était né et avait grandi le colonel Douchane Puric. La gloire du sacrifice du colonel Douchane Puric était si immense dans le peuple serbe que c’est justement à lui que Stanislav Binitchki avait dédié la composition de sa célèbre musique ‘’La marche sur la Drina’’.


 

Beaucoup de Serbes aujourd’hui ne comprennent pas quand on leur annonce que les communistes et leurs sympathisants ont une grande influence sur l’identité culturelle à l’intérieur de la Serbie. Il est difficile d’expliquer aux gens comment les communistes ont réussi à s’infiltrer, sous couverture ainsi qu’ouvertement, dans le système des organismes que finance l’État, aussi bien dans la sphère de l’éducation que dans celle de la culture. Certaines organisations, comme le SUBNOR (acronyme traduisible comme ‘Union des Associations des Combattants de la Guerre de Libération Populaire’ – NdT), sont directement financées par le budget de l’État, et indirectement par le biais des budgets des autorités locales autogérées. Diverses manifestations culturelles qui propagent l’idéologie communiste, où les auteurs qui y participent proviennent d’horizons clairement communistes, obtiennent les appels d’offre pour des projets culturels que finance l’État. C’est la raison pour laquelle leur pouvoir dans la société serbe est toujours non seulement indiscutable, mais surtout crucial.


Le général Draja Mihaïlovic s’est vu ériger un monument à Ivagnitsa en 2003, grâce à l’initiative, la lutte de longue haleine et l’effort particulièrement fourni de quelques personnes d’Ivagnitsa. Hélas, la plupart des habitants s’étant depuis longtemps laissé manipuler par l’idéologie communiste, peu nombreux sont les habitants d’Ivagnitsa qui aujourd’hui encore, 17 ans après, s’arrêtent un instant devant le monument en l’honneur de Draja pour se faire prendre en photo, au contraire d’un très grand nombre de touristes, qui, dès leur arrivée à Ivagnitsa, s’empressent de le faire. Aucun de ces touristes ne se fait prendre en photo devant le buste de Milinko Kusic ou le ‘Monument à la révolution’, ni même leur prête une quelconque attention en leur passant devant. En baptisant la rue principale du nom du général Draja Mihaïlovic, Ivagnitsa deviendrait sur la carte de la Serbie une destination touristique exclusive.


De nos jours, beaucoup trop d’habitants d’Ivagnitsa ne savent pratiquement rien sur Draja Mihaïlovic, et encore moins sur Milinko Kusic. La plupart des habitants a été endoctrinée par l’éducation communiste, et en particulier par l’influence des organismes publics et les médias de masse en Serbie. Toutefois, à mesure que les frontières de la Yougoslavie de Broz s’effondraient, les croyances de ce genre suivaient dans la chute. Mais, une des croyances, et c’est la fascination pour la médaille du ‘’héros populaire’’, reste vive dans la grande partie de l’opinion du peuple. Et il est difficile d’expliquer aux gens que la médaille du ‘’héros populaire’’ n’était décerné, presque exclusivement, qu’à ceux qui s’étaient distingués par leur haine envers le peuple serbe et dans l’action contre toutes les valeurs de base des traditions et de la culture serbe, et que ceux qui se sont le plus distingués en cela étaient ceux qui sur le papier appartenaient au corpus du peuple serbe. Vieux est l’adage de Cicéron: «Tout est misérable dans les guerres civiles, mais rien n'est plus misérable - que la victoire elle-même.» Les communistes, qui avaient été déclarés les vainqueurs de la guerre civile en Yougoslavie, considéraient qu’ils détenaient le monopole sur la vérité à propos d’évènements historiques compliqués, et ce monopole, ils l’ont conservé jusqu’à ce jour.


Toutes ces raisons ont mené à l’émergence d’un tabou à Ivagnitsa, sur la manière de mettre en valeur par la culture le nom de Draja Mihaïlovic dans sa ville natale. Certains lieux des environs ont réussi à avoir le dessus dans des problèmes similaires, et ils ont réussi à imposer à leur rue principale le nom des citoyens les plus célèbres dans leur histoire. Ainsi par exemple de la petite bourgade de Nova Varos, où ils ont rendu hommage à Petar Bojovic, natif de la ville (un des quatre maréchaux de la Grande Guerre, battu à mort par les communistes en 1945 - NdT), ou Arilié où avec piété à l’égard du Roi Dragoutine, le donateur pour la construction de l’église Saint Achille autour de laquelle la ville s’est développée. Il y a d’autres exemples encore.


Ce qu’il importe de faire à Ivagnitsa est de redonner sa dignité au colonel Douchane Puric en rendant à la rue où il a vu le jour le nom qui célébrait son sacrifice. Il en va de même pour le capitaine Simo Jakovic qui a fondé la bourgade au XIXème siècle. Entre ces deux rues se situe la rue principale, laquelle, et par Dieu et par le peuple, doit porter le nom du général Draja Mihaïlovic, le plus célèbre des natifs d’Ivagnitsa dans son Histoire. Cet homme a laissé en héritage derrière lui le sentiment qu’un Serbe ne peut vivre qu’en homme libre. C’est pourquoi, la Serbie libre peut s’appuyer uniquement sur les actes de personnes pour qui la liberté de la Patrie a été le premier des devoirs et le premier des serments, comme c’est le cas de Draja Mihaïlovic.



Les membres de la commission pour l’attribution des noms de l’espace public d’Ivagnitsa ne vivent depuis longtemps plus, pas plus que le reste de la Serbie, à l’époque du Titoïsme et du socialisme d’autogestion. Il convient logiquement de se demander ce qui les engage à respecter les ‘’valeurs’’ qu’imposait le PCY. Cet engagement est alourdi par l'influence invisible que les communistes et leurs sympathisants expriment sur toutes les questions de société, notamment en matière d’héritage culturel, car ils s'assurent ainsi une position de monopole dans la culture serbe et, de là, contrôlent toutes les orientations sociales. Cela ne peut, et ne doit pas être une justification pour ceux qui décideront du nom de la rue principale à Ivagnitsa. Leur décision doit être claire et précise, basée sur des faits scientifiquement établis, sur la culture, la tradition et l’identité nationale. Seulement dans ce cas, leur décision sera unanime et sans ambiguïté, et ici l’unique solution logique est de donner à la rue principale le nom du général Draja Mihaïlovic.



IVAGNITSA: DES IMAGES PLUTÔT QUE DES MOTS


Les autorités municipales entretiennent systématiquement le ‘’Monument à la révolution’’, c’est-à-dire pour les communistes, qui dans cette municipalités ont assassiné 600 Serbes, ce qui est plus que ce qu’ont commis tous les autres ennemis ensemble. À l’opposé, la Mairie n’entretient jamais l’espace autour du monument en l’honneur du général Draja Mihaïlovic.


Par Mladomir M. CURTCHIC


Traduction du serbe et adaptation de l’article publié dans la revue «Serbian newspaper» de la «Organisation of the Serbian Chetniks of Ravna Gora» de Chicago (USA) numéro de février 2021.


Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le nouveau pouvoir, lesté par l’idéologie communiste, ressentait le besoin de prouver sa légitimité au peuple serbe comme lui étant sa nécessité historique. Afin d’y parvenir, ils avaient suivi l’exemple de l’Union Soviétique. Ils érigeaient des monuments à leur gloire et à celle de leur propre révolution. Ils l’avaient fait aux quatre coins de la Yougoslavie, mais surtout dans les lieux où ils n’avaient pas de soutien pour leurs activités.

Le ‘’Monument à la Révolution’’ a été érigé au centre de la ville d’Ivagnitsa pour les Partisans-les communistes et dédié à leur lutte et la révolution qu’ils ont réalisé pendant la Seconde Guerre mondiale. En nous penchant sur les statistiques de leur révolution, sans entrer dans d’autres analyses, les ‘’révolutionnaires’’ ont pendant la guerre assassiné plus de 600 habitants de la région de Moravica dont 100% étaient des Serbes. Si on juge par le nombre de victimes qu’ils ont laissé, les communistes sont largement sur la première place du podium (devant les Allemands - NdT) des plus grands assassins de la région de Moravica: plus de la moitié des victimes de la région pendant la Seconde Guerre mondiale ont été tuées par les communistes.


L’auteur du ‘’Monument à la Révolution’’ a été Djorde Andrejevic-Jun, peintre et sculpteur de l’Académie, mais aussi un communiste et un disciple convaincu de cette idéologie. Il n’a pas gagné en notoriété par ses œuvres artistiques, mais ce par quoi il est resté dans la mémoire collective du peuple serbe, c’est son influence décisive sur l’Ozna (police politique du régime totalitaire de Tito – NdT) pour faire liquider, sans aucune forme de procès, Branko Popovic, l’un des plus grands peintres serbes et européens de la première moitié du XXème siècle et doyen de la Faculté technique de l’Université de Belgrade, et qui pendant la Seconde Guerre mondiale, avait réussi à cacher un grand nombre d’œuvres d’art, empêchant ainsi les Allemands de les piller. Djordje Andrejevic-Kun, dès l’assassinat de Branko Petrovic, a pris possession de l’appartement du professeur Popovic dans la rue Knez Mihaïlova à Belgrade (équivalent en prestige aux Champs-Élysées à Paris - NdT), jetant sa veuve et leurs trois fils à la rue.


Statue du général Draja Mihaïlovic à Ivagnitsa en Serbie

Face au ‘’Monument à la Révolution’’, dans le petit square, se dresse une statue en l’honneur du général Draja Mihaïlovic érigée en 2003 grâce aux efforts de quelques uns et les dons d’anciens soldats de l’armée commandée par le général Mihaïlovic. Jusqu’à ce jour, aucune des autorités municipales en place n’a rien entrepris pour l’entretien de l’environnement immédiat de ce monument. Les jeunes générations et les personnes de bonne volonté ne parviennent pas à comprendre pourquoi il y a une différence évidente de traitement concernant l’entretien de l’espace autour du ‘’Monument à la Révolution’’ d’une part et l’absence d’entretien autour de la statue du général Mihaïlovic, d’autre part, où s’accumulent les détritus. La véritable raison de ce comportement est la partialité idéologique des communistes d’Ivagnitsa et de leurs successeurs et héritiers idéologiques, qui se trouvent dans tous les partis politiques de toutes les coalitions municipales depuis 2004 jusqu’à aujourd’hui.


Entre-temps, à la séance du Conseil de l’Europe siégeant à Strasbourg le 19 août 2020, a adopté une Résolution concernant la culture du souvenir des victimes des régimes totalitaires, et désigne le 23 août comme le jour du souvenir de ces victimes. Le point 5 énonce «Tous les États membres de l'UE sont appelés à procéder à un examen clair et de principe des crimes et des actes d'agression commis par les régimes totalitaires communistes et le régime nazi.» Pour la Serbie, en tant que candidat officiel à l’adhésion à l’UE, le point 18 est aussi important, il énonce: «Dans l’espace public de certains États membres (des parcs, des places, des rues, etc…) il continue d’exister des monuments glorifiant les régimes totalitaires, ce qui ouvre la voie à une distorsion des faits historiques sur les conséquences de la Seconde Guerre mondiale et à la propagation de l’ordre politique totalitaire.»


Pendant ce temps, à Ivagnitsa et à travers la Serbie, une pétition circule pour permettre à sa Rue principale d’être baptisée du nom du général Draja Mihaïlovic. Une fondation à l’étranger suit avec attention les évènements pour savoir si l’administration municipale va se décider à franchir le pas. Cette fondation est prête, à la condition que la Rue principale obtienne le nom de Draja, à faire une donation jusqu’à un million de dollars, pour l’entretien de cette rue qui portera le nom de Draja Mihaïlovic.


Bien évidement, les communistes d’Ivagnitsa et leurs descendants, puisque cette information leur est aussi parvenue, échafaudent diverses combinaisons pour pouvoir mettre la main sur ce magot, tout en n’autorisant pas la Rue principale à porter le nom du général Mihaïlovic. Ils espèrent disposer de cet argent à leur guise, mais la fondation concernée n’a aucune intention de virer cet argent sur le compte bancaire de la Mairie, mais compte au contraire mettre cet argent à disposition de personnes compétentes pour l’entretien de la rue, car les services de l’entretien communal de la Mairie n’est pas même capable d’entretenir l’espace entourant la statue de Draja Mihaïlovic au bout de la rue.


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